Le Liban agité par l’affaire des espions d’Israël

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La presse libanaise ne manque pas de s’étonner que l’enjeu des prochaines élections législatives soit désormais occulté par « l’affaire des espions ». L’annonce ce dimanche de l’évasion de deux espions présumés vers Israël vient en effet s’ajouter à celle de deux autres suspects ayant traversé la frontière la semaine dernière. Le premier cas d’évasion de suspect libanais d’espionnage pour Israël remonte au 5 mai.

La frontière libano-israélienne est normalement bien gardée, et les Libanais tentant de la traverser sont généralement interrogés et renvoyés au Liban.
La presse libanaise remarque également que les deux « émigrants clandestins » de ce week-end seraient partis avec leur conjointe et leurs trois enfants, ce que les autorités confirment pour l’un des deux. Cet homme serait par ailleurs malade de la polio, ce qui limite sa mobilité.
Les autorités ont arrêtées 15 personnes depuis le mois d’avril, suspectées d’espionner pour le compte d’Israël les membres du Hezbollah dans le sud du pays. Des poursuites judiciaires ont été effectivement poursuivies pour neuf d’entre elles.
L’affaire ne manque pas de ragaillardir le Hezbollah. Le parti chiite islamiste en profite pour rappeler ses galons de hérault de l’opposition à Israël, acquis lors de la présence israélienne au sud-Liban de 1982 à 2000, puis lors de la guerre de 2006 contre Israël.
« Ceux qui croient qu’Israël n’a aucune visée sur le Liban et qu’il ne s’ingère pas dans ses affaires internes se trompent énormément. Ils n’ont qu’à compter les espions découverts ces dernières semaines. Car un pays qui veut laisser son voisin en paix ne sème pas des espions sur son territoire », a ainsi déclaré Mohamed Raad, député du Hezbollah.
Les chances du « parti de Dieu » de renforcer sa représentation nationale au parlement libanais étaient de l’avis de nombreux observateurs déjà fortes avant que n’éclate cette affaire.
Ce lundi, Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a invoqué à nouveau la menace israélienne. Evoquant des manœuvres militaires israéliennes, le leader de la milice chiite qui a résisté à l’armée israélienne durant les 34 jours de la guerre du Liban de 2006 a préparé l’opinion publique libanaise à une nouvelle confrontation avec l’Etat hébreu.
« Israël prévoit d’envoyer le message à la région et au monde selon lequel il n’est pas faible […]. Israël est prêt pour la guerre », a prévenu Hassan Nasrallah. Assurément, Israël est omniprésent dans la campagne des élections législatives libanaises.

Antony Drugeon, le 19 mai 2009

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