Vendredi, l’IUFM d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a rejoint le mouvement de grève des universités françaises. L’occasion pour de nombreux étudiants de première année, engagés politiquement ou non, de découvrir les joies de l’activisme.
Avec ses sombres arcades et ses platanes en tenue d’hiver, la cour de l’IUFM d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) donne déjà dans la monotonie, surtout par ce vendredi pluvieux. Mais c’est surtout son silence qui plane avec lourdeur. Seuls les cris d’enfants d’une école voisine perturbent la quiétude pesante des lieux. C’est à peine si on remarque les couleurs vives d’une affiche « IUFM en colère » collée sur un platane.
Virginie, 21 ans, et Julie, 23 ans, sont seules dans l’immense cour. Plantées devant la bibliothèque, elles fument une cigarette. Si l’IUFM suit le mouvement de grève des universités ? « Oui on a voté ce matin même la grève et le blocage, en AG » répond du tac au tac Virginie. Etudiante en première année, elle explique être « tout à fait d’accord » avec le mouvement. Militante au Parti socialiste (PS), elle reconnaît être « assez révolutionnaire » et « se révolter contre les réformes du gouvernement », qui sont selon elle « contre l’éducation, et pour la privatisation de l’école ». Julie, en première année également, « n’est pas encartée du tout », mais souligne que « même si l’on n’est pas spécialement engagé, là on est tous concernés ». Unanimitaire, la grève ? « Oui », se hasarde-t-elle timidement.
300 mètres plus loin, un îlot d’agitation émerge devant un local surmonté d’une pancarte « foyer ». C’est là, à l’intérieur, que se tient la réunion de travail « du comité de lutte » explique Pascal, 25 ans. Claire, 27 ans, le corrige : « Ca tu n’as pas le droit de le dire ! « Des personnes concernées », c’est mieux ! ». Les regards, rieurs, se croisent. Pascal ne nie pas être engagé politiquement, « contre l’inégalité, et le libéralisme, parce que pour moi c’est la même chose », précise-t-il. Claire rajoute : « Moi, non, je ne suis pas encartée », en souriant. Une cinquantaine de personnes parlementent dans la salle, en quatre groupes, autour des tables.
Le groupe travaillant sur la préparation de la manifestation prend la parole, via sa représentante. La jeune fille, assise sur la table, clame haut et fort ses conclusions : « J’ai eu le mec de l’UNEF au téléphone, finalement mardi la manif’ ce sera à Aix, pas à Marseille ». Elle affiche son optimisme : « On aura peut-être même les étudiants de la fac de droit avec nous ! ». Rires. Les problèmes logistiques apparaissent très vite, pour les banderoles : « Récupérez les vieux draps, allez voir aux hôpitaux, ou si vous avez des grands-mères qui en ont trop… ».
Pas représentatifs, les étudiants impliqués ? Pascal rejette avec force l’argument : « La grande majorité des étudiants nous suit », plaide-t-il, ajoutant que « ce sont surtout les premières années qui sont là », les autres ayant des concours à passer bientôt. Nathalie, 26 ans, a voté contre le blocage, « parce qu’on passe des concours et que ça nous fait peur », mais elle affirme, catégorique : « On est tous d’accord avec les revendications ». « C’est évident », surenchérit Perrine, 27 ans, qui avait aussi voté contre le blocage.
A l’extérieur, sur les grilles de l’établissement, une banderole exprime l’amertume générale : « IUFM, on en saigne pour enseigner ».
Antony Drugeon, L’IMAGINERE, le 6 février 2009
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