Son sacre de dimanche le lance officiellement dans la course à l’Elysée, face à Ségolène Royal.
Seul candidat en lice, Nicolas Sarkozy a remporté l’investiture de l’UMP avec le score de 98,1% (1,9% de votes blancs, 69,06 de votants). Il a donc réussi son pari de réunir la droite à l’approche des présidentielles et législatives de 2007. Un sacre, pour celui qui ne fait l’unanimité ni chez les Français, ni même à droite. Mais porté par des sondages flatteurs depuis quatre ans, il a réussi à s’imposer comme le candidat naturel de la droite, face à l’opposition des chiraquiens, du président lui-même au Premier ministre Dominique de Villepin. Celui qui affronterait – d’après les sondages – Ségolène Royal au second tour de l’élection présidentielle fait encore peur à 51% de Français. Paradoxe, qui s’explique par le style de l’homme politique, tout en vivacité, en provocation, en « parler-vrai ». Il n’hésite pas à chasser sur les terres du Front National (FN) de Jean-Marie Le Pen en s’en prenant aux immigrés (déclarations tonitruantes sur la « racaille » des banlieues à « nettoyer au Kärcher » ou appelant les immigrés à « aimer la France » ou à la « quitter ») ou en prônant une politique sécuritaire ferme.
Parmi ses coups d’éclat, sa position intransigeante face aux islamistes réclamant le droit pour les femmes de poser voilées pour les photos d’identité. Cet adepte de la « culture du résultat » sillonne la France, tance devant les caméras un commissaire accusé de privilégier la prévention au détriment de la répression, pourfend les « droits de l’hommistes » , et va au contact dans les quartiers chauds.
Epouvantail de la gauche, il effraie également par ses choix de politique économique. Libéral, ses positions sur la protection sociale ou la loi des 35h de travail par semaine en font un adepte de la « rupture ». Jugé communautariste, il prône la fin de la politique d’assimilation, un aménagement de la laïcité, vers plus de souplesse. Perçu comme atlantiste, il fait scandale en allant poser devant les photographes avec Georges W. Bush dans son bureau.
Trop controversé pour être consensuel, il mobilise encore beaucoup contre lui. C’est pour cela qu’il s’est immédiatement tourné « vers tous les Français », en affirmant vouloir être « le président de la France unie ». Reste à savoir si cet adepte de l’affrontement et du « parler-vrai » saura trouver le ton face à l’autre favorite des sondages, Ségolène Royal, candidate socialiste dont l’atout principal est une image alliant proximité, simplicité, et rigueur.
Antony Drugeon, LIBERATION, le 16 janvier 2007
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