Discorde autour d’un parking entre orthodoxes et laïcs à Jérusalem

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Tout juste six mois après l’élection de Nir Barkat, candidat nationaliste, à la mairie de Jérusalem, face à son adversaire religieux, le conflit entre laïcs et religieux s’exprime au grand jour. L’ouverture d’un parking durant le congé juif de shabbat (samedi) près du principal quartier ultra-orthodoxe (haredi) de la ville a fait l’effet d’une provocation parmi les milieux haredim, qui appellent à répéter la manifestation violente du samedi 6 juin. Les soutiens laïcs du maire n’entendent pas céder, réunissant tous les ingrédients d’une confrontation prolongée.

Le maire Nir Barkat n’était déjà pas en odeur de sainteté dans les milieux religieux, depuis son élection en novembre dernier en tant que candidat de la modernité et de l’entreprenariat. Il est désormais clairement voué aux gémonies dans les rues de Mea Shéarim, qui se sont soulevées samedi 6 juin contre la décision municipale d’ouvrir un parking tout proche durant le congé juif de shabbat. Six policiers furent blessés dans les affrontements avec les émeutiers, qui leur lancèrent des pierres, des bouteilles, et incendièrent des poubelles tout en insultant les forces de l’ordre de « nazis ».

Nir Barkat avait déjà cru pouvoir obtenir le pardon des haredim en confiant la gestion du parking à des « goyim » (non-Juifs) et en assurant la gratuité du parking [la religion juive interdisant tout contact avec l’argent durant shabbat]. Cela n’avait donc pas suffi à calmer les foudres des religieux, que le maire a du rencontrer mercredi soir. Les représentants haredim et la municipalité ne sont pas parvenus à un accord.

L’organisation haredit et antisioniste Eda Haredit a lancé dès l’échec du dialogue un appel à manifester de nouveau le samedi, ce 13 juin. « Pour les haredim, c’est plus qu’un parking, c’est devenu une lutte générale pour le shabbat à Jérusalem », a estimé Yéhouda Mechi-Zahav, membre de Eda Haharedit. Les religieux d’un autre courant, considéré plus ouvert, les hasidim de Gour, jusque-là hors du mouvement, ne se sont pas fait priés non plus pour venir y participer. D’ores et déjà, plusieurs affiches ont été collées dans les rues de Jérusalem pour appeler les pratiquants à assister à une prière d’ouverture du shabbat très politique, vendredi soir, dans un quartier religieux.

Pour autant, les milieux laïcs font bloc autour du maire, élu il y a six mois dans une poussée de modernisme face à un prédécesseur et un rival ultrareligieux. Pour eux aussi, il s’agit de plus que d’un parking, Nir Barkat ayant été élu pour faire de Jérusalem une ville moderne et compétitive économiquement. Plus prosaïquement, le maire se contente d’afficher sa préoccupation devant la situation difficile de la circulation automobile dans Jérusalem. « Les parkings doivent rester ouvert durant shabbat puisqu’ils offrent une réelle solution à un problème sans désacraliser le shabbat », a-t-il argumenté.

Un sermon qui n’atteindra sans doute pas des haredim plus déterminés que jamais à expérimenter le bras de fer avec une municipalité dévouée à des priorités « trop » laïques.

Antony Drugeon, le 11 juin 2006

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