Le gouvernement investi mardi n’a de nouveau que le nom. Le blocage des négociations inter-palestiniennes n’a pas permis d’aboutir à un gouvernement d’union nationale incluant le Fatah et le Hamas. Les deux partis se toisent à nouveau, l’un à la tête d’une Autorité Palestinienne sise en Cisjordanie et l’autre gouvernant la bande de Gaza. Une quasi-« solution à deux Etats » qui ne satisfait personne.
Le Premier ministre par intérim Salâm Fayad a été investi Premier ministre mardi à Ramallah, mettant fin à trois mois de négociations inter-palestiniennes.
Salâm Fayyad succède donc à lui-même à la tête du gouvernement palestinien, faute d’accord de réconciliation inter-palestinien et de formation d’un gouvernement d’union nationale entre le Fatah et le Hamas.
Indépendant, technocrate, Salâm Fayyad s’était aussi résigné face aux pressions de députés du Fatah irrités par un gouvernement dans lequel ils n’étaient pas représentés. La formation de ce « nouveau » gouvernement représente une demi-victoire pour eux.
Les ministres du Fatah représentent moins de la moitié des 20 membres du nouveau cabinet, opérant ainsi un retour en force dans le gouvernement palestinien. Toutefois, ce retour du Fatah est encore perçu comme insuffisant parmi la majorité Fatah du Conseil législatif palestinien, certains députés du parti de Mahmoud Abbas ayant refusé de voter la motion d’investiture du nouveau gouvernement.
Salâm Fayad a en effet suscité l’ire des cadres du Fatah en proposant des postes ministériels à des personnalités de second plan, et non aux caciques du parti. Aucun député Fatah ne s’est vu proposé de porte-feuille ministériel.
Le Premier ministre est également critiqué par certains membres du Fatah pour avoir décidé des mesures d’austérité financière qui auraient privé des proches du Fatah de traitements et de pensions.
Le nouveau gouvernement devra non seulement composer avec ces frictions entre indépendants et membres du Fatah, mais aussi et surtout avec la concurrence du gouvernement du Hamas dans le bande de Gaza.
La nomination de ce nouveau gouvernement, bien que présenté comme une solution transitoire en attendant une réconciliation entre le Fatah et le Hamas, entérine de fait la division entre la Cisjordanie administrée par l’Autorité Palestinienne et la bande de Gaza, dirigée par le Hamas.
Le Hamas, avec lequel Israël refuse de négocier tant qu’il n’aura pas reconnu son existence et renoncé à la violence, se retrouve donc toujours dans l’opposition. Le mouvement islamiste n’a pas ainsi à participer à un gouvernement négociant avec l’Etat d’Israël.
Le président américain Barack Obama avait pourtant demandé le lundi 27 mai dernier que la loi interdisant le financement d’un gouvernement palestinien comprenant des ministres du Hamas soit révoquée par le Congrès américain.
Faute d’accord de réconciliation avec le Fatah, le Hamas demeure donc dans l’opposition, ce qui restreint d’autant la marge de manœuvre du Premier ministre palestinien dans les éventuelles négociations avec Israël.
Salâm Fayyad a en effet écarté peu après sa cérémonie d’investiture que les négociations avec Israël soient d’actualité. « Je ne pense pas que ce soit le moment approprié pour parler de négociations alors qu’Israël n’honore pas ses accords passés », a-t-il déclaré.
La poursuite des négociations israélo-palestiniennes apparaît donc ces conditions comme remise à une éventuelle intégration du Hamas au gouvernement, plus improbable que jamais.
Antony Drugeon, le 20 mai 2009
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