C’est un portrait globalement sombre du travail qui est ressorti samedi du palmarès du festival « Filmer le travail » de Poitiers. Dans les salles obscures, la dûreté des enjeux sociaux a brillé. Notamment par le regard original d’un réalisateur tel que Sani Elhadj Magori. Le Nigérien a remporté le Grand Prix du jury, pour son film Pour le meilleur et pour l’oignon. Un documentaire qui plonge dans le quotidien d’un village du Niger, où le mariage du fils d’un producteur d’oignons passe par une production et des prix en hausse…
La course à la productivité, et ses effets néfastes sur les salariés, sont au cœur de On n’est pas des machines de Sophie Averty et Nelly Richardot, qui a reçu le Prix de la restitution du travail. La caméra y suit des “ psychodynamiciens ” du travail à Saint-Cyr-sur-Loire, tout près de Tours. Même inquiétude autour du rendement et du management dans Cheminots, de Luc Joule et Sébastien Jousse. Le film, qui a obtenu le Prix de la valorisation de la recherche, sonde les interrogations et les peurs des cheminots, face à une nouvelle culture managériale. Petite lueur d’espoir tout de même avec Les petites mains d’Edie Laconi. Le Prix de la création est ainsi revenu à un documentaire qui jette un coup de projecteur sur le rôle du travail dans l’épanouissement de jeunes handicapés mentaux.
Mais c’est un vibrant réquisitoire en forme de trilogie qui a décroché le Prix du public. La mise à mort du travail de Jean-Robert Viallet dépeint « la dépossession », « l’aliénation », et « la destruction » qu’opère le travail sur l’individu.
Aussi sombre que pertinent donc, et le public semble « avoir répondu présent », se réjouit, rassuré, Patrick Sagory, l’un des directeurs de « Filmer le travail », au terme des cinq jours du festival, première édition du genre. Un travail qui porte donc ses fruits.
Antony Drugeon, correspondant La Nouvelle République, 8 novembre 2009
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