A Poitiers, le patois prend racine au jardin botanique

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Le patois picto-saintongeais se fraie un chemin dans l'édition. Photomontage : Antony Drugeon (CC)

Connaissez-vous la « coçhue » ou la « tiche » ? Il s’agit tout simplement du pissenlit, en poitevin –saintongeais. Au jardin botanique du parc Deffand, l’université de Poitiers sort le patois, pardon, les langues régionales, du strict cadre des cours optionnels pour les étudiants. Une démarche encore timide, puisque limitée aux mauvaises herbes, pardon, aux « herbes folles ». Mais qui libère dans l’espace public des mots qui peinent à sortir des chaumières, et ce depuis 2007.

« Les visiteurs connaissent parfois ces mots, mais n’osent pas les dire, tant qu’ils ne les ont pas lu », explique Liliane Jagueneau, responsable de l’enseignement des langues régionales à la faculté des Lettres et des Langues de Poitiers. Une opération de réhabilitation pour des langues souvent déconsidérées. « Le nom français n’est pourtant pas plus légitime que le nom patois », renchérit Pascaline Iannotti, responsable du service espace vert et jardin botanique de l’université, « car seul le nom latin a une portée scientifique officielle ».

L’étiquetage des herbes folles du jardin botanique part donc à la rencontre des parlers des jardins et champs de la région. La formule libère même la parole de certains visiteurs. « Les gens discutent les termes, à cause des nombreuses variations », explique Mme Ianotti. « L’objectif c’est que les gens en parlent », justifie Mme Jagueneau.
Sur les étiquettes des herbes folles, ce sont donc plusieurs variantes de noms de poitevin-saintongeais et généralement un nom occitan. Histoire de permettre aux visiteurs de se cultiver au jardin botanique, sans oublier leurs racines.

Antony Drugeon, correspondant La Nouvelle République, le 23/02/10

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