Reportage à Kasserine: « On n’est pas des criminels, on n’est pas des voleurs… On veut juste un travail! »

Antony DRUGEON

Animateur de communauté associative

Jan 22, 2016
Reportage à Kasserine: « On n’est pas des criminels, on n’est pas des voleurs… On veut juste un travail! »

KASSERINE – Jeudi 21 janvier, à la mi-journée, l’avenue Habib Bourguiba à Kasserine est encore calme, mais porte les stigmates des affrontements de la veille, là où l’asphalte est noir de suie et de cendre. La police n’apparaît nulle part, sur la longue avenue Bourguiba, ni même devant la mairie.

Au contraire, la municipalité est comme submergée par une foule compacte, qui s’agglutine à ses trois accès: la porte officielle, la fenêtre quelques mètres à côté, et même la porte de la cour, derrière la grille.

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Jan 11, 2016
Melilla, le bien maigre Eldorado de nombreux Marocains
Derrière le mot de contrebandier, beaucoup de Marocains ordinaires, confrontés aux molestations de la police espagnole et à la corruption de la marocaine pour pouvoir simplement gagner leur vie. Crédit : Antony Drugeon
Derrière le mot de contrebandier, beaucoup de Marocains ordinaires, confrontés aux molestations de la police espagnole et à la corruption de la marocaine pour pouvoir simplement gagner leur vie. Crédit : Antony Drugeon

Dans l’enclave de Melilla, aux marges d’une Espagne frappée par la crise, de plus en plus de Marocains cherchent à vivre tant bien que mal de la frontière.

Collé contre la frontière, sur un grand parking envahi de marchands ambulants, le marché informel de Joutia, tout près du poste-frontière de Bni Ansar, principal point de passage dans l’enclave espagnole, au Sud, fait figure de sas entre le Maroc et l’Espagne. On y trouve des produits généralement d’occasion (vêtements, chaussures, jouets, bijoux bas de gamme) sur des bâches posées à même le sol. Les commerçants crient en darija leurs prix, le plus souvent en dirhams, quelquefois en euros, à une clientèle presqu’entièrement marocaine. A l’entrée de ce marché aux allures de Derb Ghallef casablancais ou de Casa Barata tangérois à ciel ouvert, des femmes en jellaba, assises sur un tabouret, vendent des cigarettes à l’unité, tandis que des hommes vendent des gâteaux, barres chocolatées et boisson gazeuses qu’ils stockent dans des caddies de supermarché que seul un parasol vient protéger du soleil.

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