Mobilisation d’une école toulousaine contre l’expulsion d’un Marocain et d’une Angolaise
Mardi, plus d’une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant une école primaire de Toulouse (sud-est de la France) pour manifester leur soutien aux deux enfants qui y sont scolarisés mais menacés d’expulsion. Un petit Marocain et une petite Angolaise, dont les mères sont menacées d’expulsion, sont ainsi au centre de cette mobilisation. La mère Marocaine, Zakia Abchir, est arrivée du Maroc avec son fils Rafik en 2002 pour rejoindre le père, un chauffeur vivant à Toulouse depuis 20 ans et titulaire d’une carte de séjour. Mais Zakia Abchir s’est vu refusé sa demande de regroupement familial en se faisant prier par la préfecture de quitter le territoire français sous deux mois, a expliqué une représentante de son collectif de soutien. Très vite, « les parents en apprenant la situation ont décidé de faire une pétition pour permettre à ces enfants de rester en France » a expliqué la directrice de l’école Emy Levy à la presse. Le mouvement a su mobiliser lors de la manifestation de mardi dernier non seulement des parents et leurs enfants, mais aussi des conseillers régionaux et généraux, des membres du Réseau Educatif Sans Frontières (RESF) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).
Ces évènements traduisent le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine menée par le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Celui-ci ne cache plus son ambition de disputer à Jean-Marie Le Pen (FN, extrême-droite) son électorat, cherchant à se forger une image intransigeante et sécuritaire. Une stratégie directement inspirée du choc de 2002, lorsque M. Le Pen avait à la surprise générale atteint le second tour de l’élection présidentielle.
Ainsi, Nicolas Sarkozy entend multiplier les expulsions des familles non régularisées. C’est dans ce contexte qu’a été voté son projet de loi sur l’immigration le 17 juin par les sénateurs. Cette loi prévoit notamment de limiter le regroupement familial. Ainsi celui-ci serait soumis à certaines conditions de ressources et de logement ; en outre le délai de 2 ans nécessaire pour qu’un conjoint de Français obtienne une carte de résident valable 10 ans passerait à 3 ans. La loi pour rentrer en vigueur doit être votée par les députés ce qui devrait survenir vers le 1er juillet.
Mais l’opposition à ce projet de loi, si elle prenait de l’ampleur, pourrait peut-être contraindre le gouvernement à faire marche arrière. En effet, d’ores et déjà, alors que les expulsions de clandestins se multiplient, on assiste à des mobilisations dans les écoles où sont menacés d’expulsion certains élèves, où des collectifs de parents d’élèves souvent soutenus par la direction de l’école se constituent. Certains espèrent même déjouer les plans de la police en abritant chez eux les enfants « clandestins » et en allant les chercher à l’école. Le sujet occupe le devant de la scène médiatique en France depuis quelques jours déjà.
Ainsi, le 6 juin, au Mans (ouest) la police est venue expulser deux enfants kurdes Turcs en interrompant la classe. Cela a eu pour effet de mobiliser l’association de parents d’élèves FCPE, le Mouvement contre le Racisme et Pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) et la Ligue des Droits de l’Homme pour une manifestation samedi dernier, qui a réuni 11.200 personnes selon la police, et 35 000 selon les organisateurs.
Antony Drugeon, LIBERATION, 29 juin 2006
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