La grippe porcine se politise au contact du conflit israélo-palestinien

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L’effervescence s’est emparée des campagnes de Jéricho (Cisjordanie, Est) vendredi dernier, alors que des cochons sauvages ont été aperçus par les habitants, suscitant la peur d’une contagion de la grippe porcine et des accusations de contamination lancées à l’égard des « Juifs ». Dans le climat de crainte et de méconnaissance qui accompagne la progression de l’épidémie de grippe porcine, l’intervention de l’armée palestinienne n’a pas apaisé les esprits.

Les tirs de mitraillette ont saisi les touristes et les riverains. En ce vendredi 1er mai, les détonations des fusils automatiques ont même suscité un début de panique autour d’un car de touristes, qui ont pris leurs jambes à leur cou, penchés vers le sol, pour s’éloigner du verger près duquel stationnait leur car.

La guerre qui se jouait entre les arbres ne mettait en fait aux prises que deux cochons sauvages face à dix soldats de l’armée palestinienne, secondés par cinq policiers. Le bilan d’un cochon tué contre un « fugitif » permet déjà au commandant Abou Ahmad d’exprimer sa satisfaction. « Nous avons abattu ce cochon, qui risquait de propager l’épidémie de grippe porcine », a déclaré l’officier palestinien à Guysen.

Les analyses réalisées par la suite n’ont pas trouvé de souche grippale dans l’organisme de l’animal, a-t-on appris lundi 4 mai auprès du laboratoire en charge de ces analyses.

Les riverains disent avoir été très surpris de découvrir des cochons sur leurs terrains. « J’habite la maison juste derrière, et c’est la première fois de ma vie que j’en vois ! », a déclaré à Guysen Diab, présent sur les lieux très rapidement. « Jamais on en [de cochons] a vu par ici », confirme de son côté Bassel, qui ajoute que « cela fait 25 ans que je vis ici ! ».

Ce sont eux qui ont alerté les autorités palestiniennes, qui ont rapidement organisé le jour même la battue. La découverte des cochons sauvages renvoie clairement à une responsabilité israélienne, du commun accord des riverains et des militaires alors présents.

Le commandant Abu Ahmad a affirmé être certain d’une implication israélienne. « Déjà il y a deux mois, les colons nous ont lâché 500 chiens enragés, qu’on a dû abattre. Maintenant, ce sont les cochons, à cause de la grippe », a-t-il déclaré.

Il s’est tout de fois refusé à impliquer les autorités israéliennes, évoquant des actes isolés de colons, et n’a pas pu préciser l’origine précise des personnes potentiellement à l’origine de cet acte. « Nous avons de bonnes relations avec la colonie de Naame, qui est la plus proche, il est difficile de connaître l’origine exacte de ces cochons », a-t-il ajouté.

Le major des télécommunications de l’Autorité Palestinienne à Jéricho, plus haut responsable militaire présent sur place, a quant à lui mis en garde contre toute instrumentalisation de l’épidémie de grippe porcine à des fins politiques.

« La lutte contre l’épidémie doit réunir les efforts conjoints de la Jordanie, de l’Egypte, d’Israël, de la Palestine, si l’on veut parvenir à des résultats sur une question aussi importante », a-t-il déclaré à Guysen.

Les cochons sauvages, impliqués malgré eux dans les tensions autour du conflit israélo-palestinien, apprendront à leurs dépends ce que peuvent coûter leurs migrations au sein des « territoires disputés » .

Antony Drugeon, le 5 mai 2009

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