A l’approche du discours de Barack Obama jeudi au Caire, où le président américain s’adressera au monde musulman, un sondage pourrait conforter le président américain dans sa stratégie de main tendue à une région que son prédécesseur avait pour le moins irrité. Selon un sondage de l’institut américain Gallup, la rue arabe ne serait pas insensible à la nouvelle orientation de la diplomatie américaine. Un « effet Obama » se mesure dans tous les pays arabes, à l’exception notable des Palestiniens en Cisjordanie.
La côte d’approbation des dirigeants américains de la nouvelle administration se redresse dans l’ensemble du monde arabe, mais les Palestiniens demeurent sceptiques.
C’est ce qui ressort de l’étude de l’institut américain Gallup, menée en février et mars auprès de 1.000 Arabes adultes à travers dix pays arabes ainsi que la Cisjordanie, réactualisant une enquête similaire réalisée en juin 2008, avant l’élection du nouveau président américain.
C’est en particulier au Maghreb que s’enregistrent les hausses les plus notables. De juin 2008 à mars 2009, l’approbation de l’administration américaine de la part des Tunisiens a grimpé de 14% à 37%, tandis que celle des Algériens est passée de 25% à 47%.
L’Egypte, partenaire clef des Etats-Unis au Moyen-Orient, sur le point d’accueillir jeudi 4 juin Barack Obama pour un discours présenté comme une main tendue au monde musulman, enregistre une hausse majeure, de 6% d’approbation à 22%.
Les pays pétroliers du golfe, dont l’approvisionnement américain en pétrole demeure dépendant, ne sont pas en reste.
Ainsi l’Arabie Saoudite voit le taux d’approbation de l’administration américaine passer de 12% à 29% ; sur seulement deux mois, le Qatar a vu le même indicateur passer de 8% à 22%, de janvier à mars 2009.
Même la Syrie, aux relations difficiles avec Washington, enregistre une hausse, de 4% à 15% avec le nouveau sondage.
Ces chiffres demeurent donc bas, mais témoignent d’une tendance générale. L’hostilité à l’égard des Etats-Unis recule d’autant plus que le pourcentage de personnes répondant ne pas savoir ou refusant de répondre a plus que doublé, atteignant ainsi 19% en Arabie Saoudite.
L’institut Gallup explique notamment cette évolution par l’annonce de la fermeture du camp de Guantanamo (base américaine où sont détenus des prisonniers de guerre capturés en Afghanistan) et du retrait américain d’Irak.
Toutefois, le Liban et les Territoires Palestiniens se distinguent par une faible réceptivité aux gestes de la diplomatie américaine. La côte d’approbation de l’administration américaine connait une baisse de 3 points au Liban, passant de 25% à 22%.
C’est surtout parmi les Palestiniens que le décalage est le plus prononcé, malgré les appels du président américain et de son administration à voir Israël geler ses implantations en Cisjordanie. Le taux d’approbation est presque divisé par deux, passant ainsi de 13% à 7%.
« Je ne suis pas du tout surpris », témoigne Younis Hamoudi, responsable au sein du département juridique de l’Université palestinienne de Bir Zeit (Ramallah), contacté par Guysen.
L’opinion publique palestinienne affiche ainsi son scepticime vis-à-vis des Etats-Unis. Un précédent sondage de l’institut Gallup révélait en 2008, durant la confrontation entre le démocrate Barack Obama et le républicain John Mac Cain que 72% des Palestiniens considéraient que cela ne ferait aucune différence qu’un des deux candidats l’emporte sur l’autre.
Une certaine lassitude palestinienne accueille avec indifférence les discours de Barack Obama, selon Younis Hamoudi. « On a beaucoup espéré à l’époque de Clinton [président américain démocrate, de 1992 à 2000, ndlr], avec les accords d’Oslo, mais aussi en termes de paix, de prospérité », explique-t-il, ajoutant « mais rien n’est arrivé, finalement ».
Le discours de Barack Obama jeudi 4 juin aura donc fort à faire pour trouver grâce auprès des Palestiniens. « Seuls les changements peuvent faire changer d’avis les Palestiniens, aucun mot ne le peut plus », martèle Younis Hamoudi, pour qui « quand je pourrai aller de Ramallah à Naplouse sans rencontrer de check-points, alors les gens changeront d’avis ».
Le sondage s’est toutefois cantonné aux seuls Palestiniens de Cisjordanie, et a été réalisé en grande partie avant la destruction des avant-postes illégaux consécutifs aux pressions américaines du moi de mai.
La désapprobation de l’administration américaine qui a gagné Israël à la faveur de ces pressions est donc loin d’être compensée par un regain de soutien du côté palestinien.
Un contexte de nature à rendre d’autant plus délicate une éventuelle visite de Barack Obama en Israël et dans les Territoires Palestiniens.
Par Antony Drugeon le 2 juin 2009
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