A « Science Po Aix », une mobilisation étudiante très partisane

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Assemblée Générale étudiante à l'IEP d'Aix, le 9 janvier 2009.
Assemblée Générale étudiante à l'IEP d'Aix, le 9 janvier 2009. Photo : Antony Drugeon (CC)

Le très calme IEP d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) s’est illustré en rejoignant pour la première fois de son histoire un mouvement de grève des enseignants. Mais côté étudiant, la contestation ne va pas toujours de soi.

A Aix-en-Provence, la solennité sereine de la façade de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP), dans le style classique de la Renaissance, pourrait tromper plus d’un passant. Le promeneur attentif remarque pourtant, en plongeant son regard entre les portes, une banderole « Chercheurs en saignant » en lettres oranges. C’est donc bien là que siège « la fronde ».
La grève des enseignants contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs est inédite depuis la création de l’Institut en 1956. La maison n’est pas, il est vrai, un bastion des mouvements sociaux qui secouent le monde universitaire. Celui-ci tient même ses étudiants pour hérauts du conservatisme. Bienvenue dans le monde estudiantin aixois, avec ses codes.
Grève et heure matinale obligent, les couloirs sont presque déserts, en ce lundi 9 janvier. Pourtant, Bénédicte, en 5e année, tient le stand du comité de mobilisation. Les cheveux encore mouillés, Charlotte la rejoint sur le tard, avec les pancartes détaillant les dispositions de la loi LRU. « On a dû faire un énorme travail de documentation très rapidement », explique-t-elle.

De quoi démentir la réputation de l’IEP ? Voire. A midi, le grand amphi se remplit, pour abriter une Assemblée Générale qui n’a rien d’unanime. En haut, sur les rangs « montagnards », l’opposition conservatrice tempère les ardeurs d’une « plaine » rêvant, au-delà du retrait du décret sur le statut des enseignants chercheurs, dit « décret Pécresse », de celui de la Loi de Réforme des Universités (LRU), adoptée en août dernier : « Avant de changer toute la voiture, changeons d’abord l’embrayage que serait le décret Pécresse ! Si on commence à parler de toute la voiture, on en viendra à parler du néolibéralisme, et alors on mettra les biens en communs !.. ». Hourras dans les rangs du haut, accompagnés d’applaudissements et de piétinements frénétiques. En bas, Charlotte et Bénédicte s’exaspèrent.
Un membre du comité de mobilisation répond : « Avec cette voiture, il faudrait d’abord se demander où le conducteur veut nous emmener ! Et le décret Pécresse est un prolongement de la voiture LRU ! ». Des applaudissements nourris fusent.

Pour apaiser les esprits, la présidence de la tribune a été confiée à un étudiant québécois, gage de neutralité. Des urnes ont aussi été disposées pour prévenir les accusations de fraude. Mais le vote des revendications, à main levée, est inadmissible pour les rangs du haut : « URSS ! », entend-t-on crier. Débat procédural, stratégie d’obstruction… Pour peu, on se croirait à l’Assemblée Nationale. Les visages, sérieux, se figent, exultent, raillent.
Ces scènes sont en décalage avec la réalité nationale, qui témoigne d’une hostilité à l’encontre du « décret Pécresse » à gauche comme à droite. Catali Chazeau, membre du comité de mobilisation de l’IEP, déplore cette politisation : « On peine à recruter pour le comité de mobilisation, du coup ce sont les plus engagés politiquement qui s’y retrouvent, aux dépens du consensus ». De quoi entretenir la réputation conservatrice de « Science Po ».

Antony Drugeon, le 10 février 2009


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