L’erreur cocasse : quand l’AFP évalue la sexualité de la femme de Bill de Blasio, nouveau maire de New York

Antony DRUGEON

Animateur de communauté associative

Nov 6, 2013
L’erreur cocasse : quand l’AFP évalue la sexualité de la femme de Bill de Blasio, nouveau maire de New York
Chirlane McCray
Chirlane McCray en campagne avec son mari Bill de Blasio. Photo : Public Advocate Bill de Blasio / Flickr

Quelle stupeur en lisant la dépêche de l’Agence France Presse sur l’élection de Bill de Blasio à la mairie de New York. La vénérable agence écrit ainsi un paragraphe qu’un lecteur pressé ou déjà au fait de la biographie de l’intéressée pourrait sans doute laisser passer par inadvertance…

Mais ça vaut pourtant le détour :

M. de Blasio a voté dans la matinée dans son quartier de Park Slope à Brooklyn, accompagné de sa femme Chirlane McCray, poétesse ancienne lesbienne extrêmement active dans sa campagne et de leurs deux enfants métis, Dante, 16 ans et Chiara, 18 ans : une « modern family » à l’image d’une ville multiraciale, désormais à 33,3% blanche, 25,5% noire, 28,6% hispanique et 12,7% asiatique.

En fait, « lesbienne extrêmement active », ça signifie quoi au juste ? L’Agence France Presse, soucieuse de vérifier ses informations, a-t-elle été enquêter de près sur la sexualité antérieure de madame McCray ?

Ce qui est piquant, c’est que les services internationaux de nombreux médias ont reproduit la dépêche telle quelle : La Libre Belgique, Le Nouvel Obs, La Nouvelle République… Certes, trève de chicayas : c’est une coquille, me direz-vous. Rajoutons une virgule, et ça passe… presque !

ancienne lesbienne, extrêmement active et de leurs deux enfants métis

Presque, car il faut rajouter une deuxième virgule pour équilibrer la phrase :

Chirlane McCray, poétesse, ancienne lesbienne, extrêmement active et de leurs deux enfants métis

et que du coup la phrase deviendrait, pour éviter la maladroite succession de deux virgules dans une énumération de 3 éléments :

Chirlane McCray, poétesse, ancienne lesbienne et extrêmement active, et de leurs deux enfants métis

Chirlane McCray
Affiche de campagne de Bill de Blasio. Photo : azipaybarah / Flickr

C’est le choix fait par L’Express.fr. En tout cas, c’est donc un peu plus qu’une coquille. Remarquez, un mot ou deux permettrait d’équilibrer l’équation : en rajoutant après le mot active « politiquement », comme le fait le site de France Télévision (entre temps, une mise à jour est intervenue), on retombe sur une information plus cohérente. Mais on peut aussi rajouter « dans sa campagne », comme le fait Le Point, et tout prend son sens. Mais Chirlane McCray est-elle globalement investie en politique depuis des années (version France TV, ce qui est vrai), ou bien veut-on dire ici qu’elle s’est particulièrement investie dans la campagne de son mari (version Le Point, ce qui est vrai également) ? Le diable est dans les détails. Une virgule, un mot, et l’info change. En tout cas la version initiale est pour le moins cocasse.

Remarquons par ailleurs le choix pudique du site de BFM TV, pour qui cette homosexualité n’est que du passé, et que madame ne compte pour rien politiquement :

Durant sa campagne, Bill de Blasio a largement mis en avant sa famille multiculturelle – une épouse poétesse et autrefois lesbienne, et deux enfants métis de 16 et 18 ans.

Je chicane peut-être. Mais en voyant ces différentes versions, je me demande si l’AFP a fait un rectificatif, ou si les médias ont chacun laissé leur SR corriger (ou pas) cette info, que je vous concède être, par ailleurs, relativement secondaire. Mais un SR est pointilleux ou ne l’est pas, que voulez-vous.

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Août 3, 2013
Avec le #Danielgate, zoom sur une exaspérante presse marocaine

Je me suis arraché les cheveux à essayer de retracer le fil des événements dans le fait divers lui-même (même si ce n’est pas l’essentiel à mon sens, moins que les manifestations que vit actuellement le Maroc). Essayons d’appliquer la bonne vieille règle journalistique des 5W à ce sordide fait divers, passé à la moulinette du pire des blogueurs marocains ou plateformes d’info.

QUI ?

Comment s’appelle le pédophile ?
Allez savoir pourquoi, le pédophile s’appelle quelquefois Daniel Galvan Viña, et quelquefois Daniel Fino Galvan ou encore Daniel Fina Galvan. Et la presse en ligne lui abrège son nom en Daniel K.V. ou en GBS.. Admettons, avec les noms espagnols, c’est souvent compliqué. Mais dans l’article très fourni et plein de détails du blog Faits divers marocains, on remarque qu’au début de l’article le pédophile s’appelle Daniel, avant de subitement devenir… David ! On a tout de suite envie de faire confiance au reste de l’article. Qui est anonyme, ne mentionne aucune source (on ignore s’il relate le procès ou des témoignages policiers et des voisins) ni ne comporte la moindre citation.

Combien de victimes ?
Une info tellement essentielle qu’elle semblerait hors de toute imprécision. Et pourtant si. En décembre 2010, Bladi nous informe que ce sont 7 enfants qui ont été les victimes de ce pédophile. Généralement, on trouve le bilan de 11 enfants. Sauf pour l’article de Faits divers marocains, qui indique que « La police fait le tour des enfants ayant entré en contact du pédophile. 12 au total dont la plus jeune » (on notera au passage la maîtrise approximative de la langue). Bladi mentionne finalement à partir de 2011 « une dizaine d’enfants », emballé c’est pesé.

QUOI ?

L’une des imprécisions majeures concerne le chef d’inculpation. La confusion entre viol et agression sexuelle est courante. Sur Bladi, on mentionne les chefs d’inculpation de : « pornographie et abus sexuels », sans préciser s’il s’agit d’abus sexuel avec viol ou pas. Au passage, le titre dit qu’il est condamné, l’article dit qu’il est accusé… passons sur cette regrettable imprécision.
L’article du blog Faits divers marocains mentionne lui au moins un viol sur un cousin de 13 ans de l’une des victimes habituelles, et en suggère un autre sur une fillette de 2 ans. On se demande au passage comment l’auteur peut savoir que « Dans son salon, est accrochée une aquarelle représentant deux enfants nus qui se bécotent… ». La force de l’investigation du blogueur sans doute.

On ne sait pas clairement ce que la police a trouvé au domicile de Daniel, à Kénitra, lors de la perquisition en novembre 2010 : dans cet article non signé du 2 décembre 2010 sur Bladi, l’auteur étant inspiré, « la police a saisi du matériel informatique contenant des photos et des vidéos à caractère pédophile avec des enfants du quartier ». En revanche, sur le récit de Faits divers marocains, « Une perquisition domiciliaire se solde par la saisie de son microordinateur, son caméscope et ses téléphones portable. Rien d’illégal n’est trouvé dans ce matériel mais juste plein de photos de fillettes radieuses en train de jouer près de l’immeuble comme si le pédophile saisissait sur le vif les corps de ses fantasmes bestiaux. Des DVD pornographique et un godemiché, c’est tout ce que les enquêteurs trouvent à saisir chez lui. »
Mais de son côté, L’observateur a eu plus de chances dans ses recherches : « La PJ saisit son matériel informatique, une caméra numérique, un appareil photo, un PC portable, 4 CD, 12 DVD, et un godemiché de bois couvert de cire rouge. […] Des centaines de photos et de vidéos de jeunes filles et d’enfants nus, subissant les sévices sexuels du pédophile. »

OÙ ?

A Kénitra. Ouf, là tout le monde est d’accord.

QUAND ?

On ne sait pas s’il était installé à Kénitra depuis 2004, comme le veut la version Bladi, ou depuis 2005, comme pour Faits divers marocains.

COMMENT ?

Mais ce serait « d’après un voisin » que ce Daniel « achetait des bonbons aux enfants et organisait des fêtes », sans qu’on sache qui a récolté ce témoignage un peu cliché : enquêteurs dont le rapport a étayé l’accusation du procureur du roi, que les journalistes ont relevé ? Ou un journaliste traînant dans le quartier à la recherche de voisins plus ou moins avérés ?

L’article anonyme du blog Faits divers marocains développe à partir de cette même « info » : « Il était toujours aux petits soins avec les petites filles des voisins à qui distribuait-il à profusion bonbons,  jouets et des vêtements amenés de ses voyages fréquents en Espagne. »

Et comment l’affaire a éclaté ? Au départ, un voisin qui cherche à vendre deux clés USB de l’Espagnol. Mais dans la version de L’observateur, à la fin du paragraphe, les clés USB sont devenus un CD. Retour vers le futur ?

On ne se lassera pas non plus des formules choisies par l’auteur pour montrer qu’il est un journaliste engagé : « Plongée dans le monde glauque d’un monstre urbain » ; « Son apprentissage rapide de la darija, le dialecte marocain, l’aide dans sa criminelle entreprise. » ou encore « Verdict lourd de 30 ans, certes, mais si peu pour ce criminel sans humanité. ».

Juste pour dire à tous ceux qui comme moi s’intéressent au Maghreb d’une part et au web d’autre part qu’il vaut mieux malheureusement rester vigilant quand on associe les deux.

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Juil 20, 2012
Slateafrique.com, fasciné par le mot-clé DSK, réalise la mise à jour d’article de trop

Sur Slatefrique.com, la chasse au trafic passe par des détours parfois bien saugrenus. Ainsi, un article datant du 22 février dernier a été mis à jour ce 20 juillet… par une info qui n’a qu’un rapport très éloigné avec l’info initiale (l’aura de DSK au Maroc auprès des femmes). Et tweeté dans la foulée :


Bon courage pour le lecteur, qui, cliquant sur une info liant DSK à une boisson, atterrit sur une brève franco-française, avec un lien vers un article du Figaro, où l’on comprend qu’il s’agit d’un insolite extirpé de la radio France Bleu-Creuse, entre un titre et un article anglés Maroc !

Merci à Benoît pour la vigie

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Mar 13, 2012
Sarkozy financé par Kadhafi ? Le mot « corruption » grand absent dans la presse
Nicolas Sarkozy / Downing Street
Nicolas Sarkozy. Photo : Flickr/Downing Street

La campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy aurait été financée par le dictateur libyen Mouamar Kadhafi, d’après une  note secrète publiée par Mediapart le 12 mars. Pourtant, personne n’ose prononcer ou écrire le mot « corruption ».

La note secrète publiée par Mediapart suggère une inféodation du président français au guide libyen. Accusation grave donc. Pourtant, la réaction de la presse, 24 heures maintenant après la publication de cette information tonitruante, use d’une prudence qui ne s’arrête pas au contenu des articles eux-même (prudence évidemment bienvenue comme toujours sur des informations aussi difficiles à vérifier) mais jusque dans le lexique utilisé. Parce que, fusse sous le sceau de la prudence, un mot s’impose, évident, magistral, explicite (trop ?), pour qualifier précisément la nature de ces accusations : « corruption ».

Dire que Nicolas Sarkozy a été financé, ou, si on est rigoureux et précautionneux, aurait été financé, par le régime libyen, c’est évidemment dire qu’il a, ou aurait été, corrompu. Car 50 millions d’euros – faut-il le rappeler – est une somme de nature à créer des obligations. Utiliser le mot corruption ne signifie pas prendre partie ; cela permet juste de qualifier les faits dont on traite justement dans l’article en question. Ce serait un peu comme si on lisait un article sur le dernier sondage Hollande / Sarkozy sans qu’on lise jamais « présidentielle 2012 », ou « élection présidentielle ». Le défaut de contextualisation est aussi une faute.

Le mot corruption est peu utilisé par les rédacteurs : seulement 2 occurrences du mot dans le (long) article de Mediapart, aucune occurrence dans les articles du Monde.fr, de Liberation.fr, de 20minutes.fr, de Humanite.fr, de Metrofrance.com ou de Rue89 ; en revanche, on relève une contextualisation plus explicite de cette affaire dans le JDD (qui prend la peine de relier l’actualité chaude au dossier de Karachi : « Derrière cette tragédie se profile une affaire de corruption dans laquelle Ziad Takieddine est mis en examen. »), mais aussi de Capital.fr et du… Figaro.fr (seul journal avec Mediapart à proposer deux occurrences pour ce terme) !

Rien de militant à utiliser le mot « corruption »

J’en tiens une démonstration supplémentaire qu’il n’y a rien de militant à utiliser le mot : le bon journaliste doit nommer un chat un chat. Et en l’espèce, c’est d’une accusation de corruption dont Nicolas Sarkozy est la cible (à tort ou à raison, là encore je comprends parfaitement, en revanche, la prudence des médias). La présomption d’innocence n’interdit pas de mentionner la nature de l’accusation. Mais dans le cas de Capital.fr et du Figaro.fr, l’explication tient également à… un copié-collé de la dépêche de l’agence Reuters, dont ils sont restés très proches. Voilà le passage du Figaro :

Le document en question a été versé en octobre au dossier de l’enquête sur un attentat ayant tué onze Français à Karachi, au Pakistan en 2002, affaire derrière laquelle se profile une supposée corruption en marge de la présidentielle de 1995. Mis en examen dans ce dossier, pour son rôle dans la supposée corruption, l’homme d’affaires libanais Ziad Takieddine a joué par la suite un rôle d’intermédiaire économique entre la Libye et la France à l’époque où Kadhafi était en place (…)

Que le mot corruption soit absent du corps du texte est une chose. Mais le mot corruption n’est pas utilisé par les éditeurs non plus, en aucun cas on ne le retrouve en mot-clé. Lorsque le site web taggue ses articles, voici plutôt les mots-clés rencontrés :

  • Mediapart : Sarkozy, Nicolas Sarkozy, UMP, élection présidentielle, présidentielle, libye, Hortefeux, kadhafi, 2012, Takieddine ;
  • JDD : Nicolas Sarkozy, Mouammar Kadhafi,  Attentat de Karachi de 2002, Karachigate (les mots-clés les plus sérieux de cette petite sélection);
  • 20minutes.fr : Nicolas Sarkozy, Libye, Brice Hortefeux, Mouammar kadhafi (j’ai laissé la coquille de 20minutes.fr, qui ne daigne visiblement pas accorder sa majuscule au patronyme de l’ex-guide libyen)
  • Humanite.fr :  karachi, libye, nicolas sarkozy, kadhafi, jean-françois cope, brice hortefeux, ziad takkiedine, jean-charles brissard (idem, je conserve la graphie de l’Humanite.fr).

Pourtant, le mot corruption reçoit substantiellement plus de trafic en France que le mot Karachi (74 000 contre 49 000 recherches mensuelles):

Les mots-clés utilisés pour tagguer les articles sur ce sujet, avec le rajout de "Corruption"
Les mots-clés utilisés pour tagguer les articles sur ce sujet, avec le rajout de "Corruption". D'après Google Adwords.

Le référencement naturel ne peut justifier un tel rejet du mot-clé corruption, qui se hisse tout de même au dessus de « karachi », « mouammar kadhafi », « brice hortefeux » ou « ziad takieddine ». On peinera donc à expliquer, autant par l’éthique journalistique que par l’algorithme du référencement, cette omission de ce « gros mot » si dérangeant.

Sans doute pourra-t-on y voir une déférence zélée envers l’institution élyséenne. Le lecteur qui attendrait de son journal préféré qu’il l’informe des enjeux de chacune des informations en sera peut-être déçu.

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Fév 14, 2012
Nicolas Sarkozy, candidat mal aimé des SR ?

Qui a dit que la télévision ne s’engageait pas ? Le magazine de programmes TV Télé 2 semaines a en tout cas publié une dose de militantisme dans sa grille des programmes. Au détour d’un synopsis, sur le documentaire d’Arte Françallemagne, un destin deux mondes, le lecteur étonné a pu découvrir un « Nicolas Sarkozy (dehors!) », tel un tag ajouté à la peinture rouge sur un mur. Voilà la citation complète :

La France et l’Allemagne sont les piliers de l’Europe. Pourtant, ces Etats s’opposent sur de nombreux sujets et leurs dirigeants, Nicolas Sarkozy (dehors!) et Angela Merkel, multiplient les rencontres pour résoudre le problème de la dette.

"Nicolas Sarkozy (dehors!)" : plus qu'une coquille, un acte de malveillance qui embarrasse Prisma Presse
« Nicolas Sarkozy (dehors!) » : plus qu’une coquille, un acte de malveillance qui embarrasse Prisma Presse. (Photo : DR)

Prisma Presse a assuré qu’il s’agissait d’un « acte de malveillance délibéré réalisé en dehors de tous les circuits habituels de relecture et de validation des pages du magazine ». Ce qui est d’autant plus crédible que la réalisation des grilles de programmes des magazines TV du groupe Prisma Presse ont été externalisés auprès de Plurimedia, qui n’est autre qu’une filiale du groupe… Lagardère (externalisation qui n’a pas été sans heurts par ailleurs, même si rien ne permet d’établir de lien avec les résistances du personnel à ce projet). On se gardera pour autant d’y voir un peu vite un gage d’indépendance de ces grands groupes de presse vis-à-vis du président…

Entre le rédacteur, l’éditeur / secrétaire de rédaction, le monteur de la page si c’est une autre personne (comme un graphiste), plus on s’approche de la fin de la chaîne, plus l’individu a le pouvoir de glisser ce que bon lui semble. Mais visiblement, la main anonyme qui a rajouté cette mention subversive savait qu’elle pouvait agir dans l’anonymat.

Si en l’occurrence l’anecdote fait plus sourire (excepté pour la direction de Prisma Presse, qui a communiqué ses excuses aux lecteurs et au président Sarkozy), elle rappelle surtout que d’autres rajouts, moins évidents, plus subtils, des erreurs / des opinions, pourraient se glisser à l’avenir dans le fichier BAT envoyé à l’imprimeur, sans que personne ne le vérifie.

Visiblement, il y a un problème de process général : des erreurs peuvent passer certes, mais jamais sans qu’on puisse remonter à son auteur. Normalement, on doit pouvoir savoir quel est le correcteur de la dernière version, au moment de faire le BAT.

L’ego de Nicolas Sarkozy « inflated in translation »

Et ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy paie les frais d’un règlement de compte ourdi dans la chaîne de l’édition. En 2007, le candidat Sarkozy (oui, déjà) se voyait affublé d’un cinglant « ego surdimensionné » par un traducteur de France 2. Ce traducteur pour la version diffusée aux Etats-Unis du JT de France 2, américain, a donc publié le sous-titrage suivant :

« J’invite les Français à rallier mon ego surdimensionné (to rally my inflated ego) »

En « VO », Nicolas Sarkozy avait dit « J’invite les Français à s’unir à moi ». C’était une blague destinée à rester en interne, et publiée par erreur. Elle a coûté sa place au traducteur américain.

Je ne vois pas d’autres cas d’erreurs / malveillances d’édition qui se soient tourné contre Nicolas Sarkozy. En voyez-vous d’autres ?

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Fév 26, 2011
Métadonnées : les balises titres sont parfois trompeuses

Obsession du référencement, sensationnalisme ou raccourcis hâtifs ? L’édition des métadonnées donne parfois lieu à des simplifications éditoriales critiquables.

Il n’est pas question ici des mots-clés, choisis – parfois – plus pour leur intérêt en référencement naturel que leur pertinence éditoriale (quitte à glisser sciemment des fautes d’orthographes dans les métadonnées). Parmi les métadonnées, la balise titre (le métatitre) est elle aussi sujette à des pratiques éditoriales litigieuses. D’autant que c’est la seule visible par le lecteur, même si ce n’est que via l’onglet du navigateur.

Voici trois exemples différents de balises titres qui induisent en erreur le lecteur en déformant l’information.

  1. La fort malencontreuse disparition du point d’interrogation

    Un titre sans son point d’interrogation peut prendre un sens radicalement différent. Le Figaro.fr nous en donne un exemple frappant dans une brève intitulée L’armée israélienne au Liban ? (Barak). L’armée israélienne est-elle de retour au Liban, ou l’envisage t-elle ? La différence est de taille : un problème d’encodage, peut-être, a accouché d’un scoop, en convertissant le « ? » en « a ». Fâcheux, mais excusable. 

    Capture d'écran du Figaro.fr

    Le problème d’encodage ne devrait pourtant se poser que pour la réécriture de l’URL, puisque les métadonnées sont des chaînes de caractères qui peuvent être transcrites en UTF-8, ou, ici, en ISO-8859-1 (encodages qui acceptent tous les deux le point d’interrogation). Le problème a dû se poser lors du balisage XML du contenu, en supposant donc que le métatitre soit écrit automatiquement.

  2. L’inexcusable disparition du conditionnel

    Plus grave :  modifier le texte d’un titre pour en retirer le verbe, au conditionnel qui plus est. C’est ce que le Figaro.fr a fait le 1er février suite à la découverte d’un corps non encore identifié, l’attribuant aussitôt à la jeune Laëtitia portée disparue dans la région de Nantes (la suite des événements lui ayant donné raison). Alors que le titre de la brève était Laëtitia : le corps aurait été retrouvé, le titre dans les métadonnées était Le corps de Laëtitia retrouvé (ainsi que l’URL réécrite en fonction de ce même titre).
    S’il avait s’agit d’une erreur, ce titre aurait été promptement reconnu par Le Figaro.fr comme une erreur et l’article supprimé. Mais le degré d’honnêteté éditoriale d’une publication de presse ne devrait pas s’en remettre aux circonvolutions de l’actualité… 

    Capture d'écran du Figaro.fr

  3. Quand les métadonnées trahissent les multiples remaniements d’un texte (et ses incohérences)

    Dernier exemple d’une liste qui pourrait sans doute être allongée : le titre des métadonnées et de l’article peuvent être foncièrement différents. Un exemple en est fourni dans la suite de la couverture médiatique de l’affaire Laëtitia par le Figaro.fr : alors que le titre des métadonnées est Le corps de Laëtitia aurait été retrouvé à Saint-Nazaire (avec mention du conditionnel cette fois), l’article est lui intitulé Les proches de Laëtitia anéantis par le drame. L’article semble avec ce titre prendre nettement plus de recul, voire de hauteur, par rapport aux dernières révélations de ce fait divers, tandis que le métatitre est lui clairement breaking news

    Capture d'écran du Figaro.fr

    De fait, une contradiction apparaît dans la datation de l’article derrière cette étrange concurrence des titres. Conformément au titre de l’article, au bilan à froid de ce fait divers, il est question des mesures promises par Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, et Michel Mercier, ministre de la Justice, suite à ce drame. L’article est d’ailleurs daté du 16 février, soit deux semaines après la découverte du corps de Laëtitia et la précédente brève.
    Pourtant, dès le chapô, il est question d’une disparition datant de seulement deux semaines (« La jeune fille disparue depuis deux semaines à Pornic est morte à la suite d’un étranglement. »), ce qui suppose que l’article soit en fait du 1er février. Et la lecture de l’URL est à cet égard fort instructive :

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/02/01/01016-20110201ARTFIG00486-le-corps-de-laetitia-aurait-ete-retrouve-a-saint-nazaire.php

    L’article a été écrit le 1er février, sous le titre Le corps de Laëtitia aurait été retrouvé à Saint-Nazaire, qui lui a donné son URL définitive et son métatitre. Mais il a ensuite été modifié, jusque deux semaines après sa publication. Il en résulte que le métatitre et le titre ne s’inscrivent pas dans le même horizon temporel ni même dans le même genre éditorial (brève breaking news contre bilan d’un fait divers), mais aussi que la lecture de l’article devient incohérente.

Des titres qui ne remplissent pas leurs promesses

Si le lecteur ne lit que rarement l’info-bulle qui s’affiche au survol de son onglet de navigation (trop étroit pour afficher le métatitre en entier), il est toutefois certain que l’URL est un élément éditorial à ne pas négliger, de plus en plus lu par les usagers, en particulier lorsqu’ils s’envoient les liens entre eux par emails ou par messagerie instantanée.

Surtout, ce métatitre est repris dans le balisage XML du document, et peut ainsi polluer (s’il contient une de ces erreurs) le flux RSS des abonnés, poussant à cliquer sur des titres qui, finalement, ne rempliront pas leur promesses. Même chose pour le bookmarking : le favori enregistré par un usager reprendra ce titre, qui deviendra la porte d’entrée vers ce contenu.

S’il était encore nécessaire de s’en convaincre, les métadonnées, de la date aux métatitres, font pleinement partie du contenu éditorial, et nécessitent une véritable attention de la part de l’éditeur web.

Nota : tous les exemples cités sont tirés du Figaro.fr, et sont déjà (relativement) anciens : tout simplement parce qu’après avoir trouvé le premier de ces exemples, ma veille a eu beau s’attarder sur plusieurs médias en ligne, je n’ai pour le moment trouvé d’autres exemples de balises titres litigieuses que sur celui-ci. Mais sans doute que le problème touche également d’autres sites web d’information.

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Jan 9, 2011
Hypertexte, multimédia, comment le web redéfinit l’information en ligne ?

Interview téléphonique d'Antony Drugeon
Entretien téléphonique en date du 22 septembre 2010
L’hypermédia, qu’est-ce donc ? Si les mots et les concepts fusent sur les blogs évoquant les nouveaux médias, il me semblait nécessaire de rappeler que l’information en ligne, c’est avant tout de l’hypertexte et du multimédia. D’où la contraction en « hypermédia » .

Une interview téléphonique accordée le 22 septembre à la revue Médias[2] m’a permis de le rappeler. Parce que qui dit hypertexte dit contraintes ergonomiques, à plus forte raison quand on empile les formats de documents (texte, vidéo, enregistrements sonores, infographies animées, ou autre animation flash, mais aussi visuels figés [photographies ou infographies figées]). Aucun professionnel des médias, pour l’édition en ligne, ne peut faire l’économie d’une analyse ergonomique de son site web.

Et puis c’était également l’occasion de communiquer sur mon mémoire de fin d’études, Hypertexte, multimédia et information en ligne. Les schémas journalistiques en redéfinition sur le web. Un peu d’autopromo, je l’avoue 😉

Lire le mémoire

Hypertexte, multimédia et information en ligne.
Les schémas journalistiques en redéfinition sur le web.

Fichier au format PDF à télécharger
173 pages; 12 Mo.

Ecouter l’interview sur le site de Médias[2]

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