Les Palestiniens moins sensibles que les autres Arabes à l’ouverture de B. Obama

Antony DRUGEON

Animateur de communauté associative

Juin 2, 2009
Les Palestiniens moins sensibles que les autres Arabes à l’ouverture de B. Obama

A l’approche du discours de Barack Obama jeudi au Caire, où le président américain s’adressera  au monde musulman, un sondage pourrait conforter le président américain dans sa stratégie de main tendue à une région que son prédécesseur avait pour le moins irrité. Selon un sondage de l’institut américain Gallup, la rue arabe ne serait pas insensible à la nouvelle orientation de la diplomatie américaine. Un « effet Obama » se mesure dans tous les pays arabes, à l’exception notable des Palestiniens en Cisjordanie.

La côte d’approbation des dirigeants américains de la nouvelle administration se redresse dans l’ensemble du monde arabe, mais les Palestiniens demeurent sceptiques.

C’est ce qui ressort de l’étude de l’institut américain Gallup, menée en février et mars auprès de 1.000 Arabes adultes à travers dix pays arabes ainsi que la Cisjordanie, réactualisant une enquête similaire réalisée en juin 2008, avant l’élection du nouveau président américain.

C’est en particulier au Maghreb que s’enregistrent les hausses les plus notables. De juin 2008 à mars 2009, l’approbation de l’administration américaine de la part des Tunisiens a grimpé de 14% à 37%, tandis que celle des Algériens est passée de 25% à 47%.

L’Egypte, partenaire clef des Etats-Unis au Moyen-Orient, sur le point d’accueillir jeudi 4 juin Barack Obama pour un discours présenté comme une main tendue au monde musulman, enregistre une hausse majeure, de 6% d’approbation à 22%.

Les pays pétroliers du golfe, dont l’approvisionnement américain en pétrole demeure dépendant, ne sont pas en reste.

Ainsi l’Arabie Saoudite voit le taux d’approbation de l’administration américaine passer de 12% à 29% ; sur seulement deux mois, le Qatar a vu le même indicateur passer de 8% à 22%, de janvier à mars 2009.

Même la Syrie, aux relations difficiles avec Washington, enregistre une hausse, de 4% à 15% avec le nouveau sondage.

Ces chiffres demeurent donc bas, mais témoignent d’une tendance générale. L’hostilité à l’égard des Etats-Unis recule d’autant plus que le pourcentage de personnes répondant ne pas savoir ou refusant de répondre a plus que doublé, atteignant ainsi 19% en Arabie Saoudite.

L’institut Gallup explique notamment cette évolution par l’annonce de la fermeture du camp de Guantanamo (base américaine où sont détenus des prisonniers de guerre capturés en Afghanistan) et du retrait américain d’Irak.

Toutefois, le Liban et les Territoires Palestiniens se distinguent par une faible réceptivité aux gestes de la diplomatie américaine. La côte d’approbation de l’administration américaine connait une baisse de 3 points au Liban, passant de 25% à 22%.

C’est surtout parmi les Palestiniens que le décalage est le plus prononcé, malgré les appels du président américain et de son administration à voir Israël geler ses implantations en Cisjordanie. Le taux d’approbation est presque divisé par deux, passant ainsi de 13% à 7%.

« Je ne suis pas du tout surpris », témoigne Younis Hamoudi, responsable au sein du département juridique de l’Université palestinienne de Bir Zeit (Ramallah), contacté par Guysen.

L’opinion publique palestinienne affiche ainsi son scepticime vis-à-vis des Etats-Unis. Un précédent sondage de l’institut Gallup révélait en 2008, durant la confrontation entre le démocrate Barack Obama et le républicain John Mac Cain que 72% des Palestiniens considéraient que cela ne ferait aucune différence qu’un des deux candidats l’emporte sur l’autre.

Une certaine lassitude palestinienne accueille avec indifférence les discours de Barack Obama, selon Younis Hamoudi. « On a beaucoup espéré à l’époque de Clinton [président américain démocrate, de 1992 à 2000, ndlr], avec les accords d’Oslo, mais aussi en termes de paix, de prospérité », explique-t-il, ajoutant « mais rien n’est arrivé, finalement ».

Le discours de Barack Obama jeudi 4 juin aura donc fort à faire pour trouver grâce auprès des Palestiniens. « Seuls les changements peuvent faire changer d’avis les Palestiniens, aucun mot ne le peut plus », martèle Younis Hamoudi, pour qui « quand je pourrai aller de Ramallah à Naplouse sans rencontrer de check-points, alors les gens changeront d’avis ».

Le sondage s’est toutefois cantonné aux seuls Palestiniens de Cisjordanie, et a été réalisé en grande partie avant la destruction des avant-postes illégaux consécutifs aux pressions américaines du moi de mai.

La désapprobation de l’administration américaine qui a gagné Israël à la faveur de ces pressions est donc loin d’être compensée par un regain de soutien du côté palestinien.

Un contexte de nature à rendre d’autant plus délicate une éventuelle visite de Barack Obama en Israël et dans les Territoires Palestiniens.

Par Antony Drugeon le 2 juin 2009

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Juin 2, 2009
B. Obama apporte son « soutien fort mais honnête » à Israël

Les Etats-Unis doivent maintenir leur « soutien fort » à Israël, a déclaré lundi 1er juin le président américain Barack Obama, ajoutant cependant que « être ami inclut le fait d’être honnête » et que « la direction actuellement prise par la région est profondément négative ».

Washington a par ailleurs demandé à Israël de geler un projet d’hôtel à Jérusalem-Est qui supposerait la démolition d’un marché de gros et d’un jardin d’enfant.

Le projet, dont l’approbation doit être discutée aujourd’hui au ministère de l’Intérieur israélien, concerne un lieu situé à 100 mètres des murs de la vieille ville.

Les Etats-Unis maintiennent qu’Israël doit geler tout plan d’expansion de la présence juive à Jérusalem-Est, particulièrement dans le « Saint Bassin », aire définie depuis la présidence Clinton comme intégrant le mont du Temple, le mont des Oliviers, le mont Zion et plusieurs lieux saints chrétiens.

En outre, plusieurs officiels israéliens ont minimisé lundi l’importance d’une éventuelle tentation américaine à prendre des mesures punitives à l’égard d’Israël, réagissant à un article du quotidien américain The New York Times selon lequel Washington envisagerait de ne pas s’opposer à chaque résolution du Conseil de Sécurité de l’Onu qu’Israël rejetterait.

Les sources gouvernementales israéliennes ont pris soin de rappeler que les appels du président Obama et la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton à geler les colonies n’incluaient pas de clause de représailles.

Antony Drugeon, le 2 juin 2009

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Juin 2, 2009
La censure du cinéma sur la sellette en Israël

La ministre de la Culture et des Sports Limor Livat s’en est pris la semaine passée à la censure des films israéliens, ouvrant la voie à une libéralisation d’un secteur sur lequel le Bureau israélien d’Evaluation des Films, rattaché à son ministère, a encore un droit de regard. Une ouverture qui si elle concrétise intervient à contre-courant des contextes des pays voisins.

L’annonce de Limor Livat a fait l’effet d’une surprise, mercredi 27 mai, dans une conférence de presse à Jérusalem. « J’ai décidé de proposer que l’on supprime l’autorité du Bureau des films en matière de censure », a-t-elle ainsi déclaré.

La ministre (Likoud) avait déjà soutenu une initiative semblable en 2005, en tant que députée. Le projet de loi avait été envoyé aux calendes grecques avec la convocation d’élections législatives anticipées. Quatre ans plus tard, Limor Livat a ainsi rappelé sa détermination à mettre fin à la censure, décrivant cette réforme comme une « question de devoir ».

La possibilité de visionner librement les films mis à l’index sur Internet et des décisions du Bureau d’Evaluation des Films de plus en plus contestées, y compris par la Cour Suprême, ont clairement contribué à rendre obsolète le rôle du censeur.

« L’autorité du Bureau des Films a été sapée au cours des dernières années par la Cour Suprême, ainsi que par les avancées technologiques qui permettent de visionner des films sur Internet sans contrainte », a ainsi justifié Mme Livnat, ajoutant « Cela rend la censure d’autant plus hors de propos ».

Face à ce projet, le réalisateur israélien Mohamed Bakri ne cache pas sa satisfaction. « J’espère que cela va se faire », déclare le producteur et réalisateur du film « Jénine Jénine » (2002), contacté par Guysen. Arabe, il considère « évident » que la censure des films israéliens soit « un outil de discrimination à l’égard des Arabes israéliens ». Son film documentaire avait défrayé la chronique pour avoir représenté des massacres de palestiniens par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine. Finalement, la Cour Suprême a cassé  en octobre 2004 la décision de censure du film, arguant que « le fait de ne pas montrer es deux point de vue d’une même histoire » ne constituait pas une base suffisante pour censurer un film, fût-il « de propagande ».

Une victoire que Mohamed Bakri ne savoure pas. « Je suis aujourd’hui encore boycotté par les cinémas », se plaint-il, désignant sans hésiter « des instructions politiques venues d’en haut ».

La décision de la Cour Suprême rappelle que la censure en Israël demeure encadrée par la Justice. Une particularité propre à un Etat de droit qui fait encore figure d’exception dans la région.

Le 16 février dernier, au Liban, le film « Help » s’est vu retiré son autorisation dûment obtenue en juillet 2008, trois jours seulement avant sa sortie en salle. Une décision que ne comprend pas son réalisateur, Marc Abi-Rached, qui y voit une interdiction prise « non pas sur la base de quoi que ce soit de légal, mais sur des éléments d’opinion personnelle », interrogé par Guysen.

« C’est la première fois dans l’histoire du cinéma libanais qu’une licence est accordée puis ensuite révoquée », dénonce le réalisateur. Le film, qui traite de l’homosexualité et de la prostitution, est clairement censuré pour son auteur « pour des raisons morales », mais « la censure politique existe aussi ».

Le film français « Persépolis » (2007) co-réalisé par la Franco-iranienne Marjane Satrapi et le Français Vincent Paronnaud avait ainsi été interdit au Liban, dans un geste manifestement destiné à ménager la communauté chiite libanaise, de même que le film américain « Syriana » (2005), dans lequel apparaissent des terroristes membres du Hezbollah, d’obédience chiite.

En Egypte, la censure cinématographique est « inexistante », selon Achraf Nehad, journaliste et critique de film à Al-Ahram, répondant à Guysen. Le journaliste du quotidien proche du pouvoir dresse le portrait d’une Egypte débarrassée de toute forme de censure, « à l’exception du président Hosni Moubarak, que l’on n’a pas le droit de représenter dans les films », concède-t-il.

L’exclusion du film « Whatever Lola wants » (réalisé par le Marocain Nabil Ayouch, 2008) du festival international de cinéma d’Alexandrie serait « différente » d’un cas de censure, selon Achraf Nehad. « Ce film montrait un visage détestable de l’Egypte, injuste… Cette décision n’a rien de politique », argumente-t-il.

« Il n’y a aucune ligne rouge à ne pas transgresser dans le cinéma égyptien», assure-t-il. Le film « L’immeuble Yacoubian » (2006) réalisé par Marouane Ahmed et adapté du roman à succès de l’écrivain Alaa El Aswany a lui échappé de peu à la censure. « Il parlait d’homosexualité », justifie une nouvelle fois Achraf Nehad.

Dans ce contexte, le Moyen-Orient témoigne d’un fort attachement à certaines lignes rouges qui ne sauraient être trangressées. Israël, s’il adopte la réforme appelée de ses vœux par Limor Livnat, manifesterait son attachement aux standards des pays occidentaux et se démarquerait de ses voisins.

Il n’en demeure pas moins que la proposition de la ministre israélienne épargne le droit de censure exercé par l’armée en Israël, lequel demeure intraitable en ce qui concerne certaines questions stratégiques, comme l’évocation de la bombe nucléaire israélienne.

La question de la censure du cinéma témoigne de la position particulière d’Israël, pays balançant entre l’Occident lointain et le Moyen-Orient voisin.

Par Antony Drugeon, le 1er juin 2009

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Juin 1, 2009
Nomination d’un nouveau négociateur israélien pour la libération de Guilad Shalit

Hagai Hadas a été nommé dimanche 31 mai au poste de nouveau négociateur israélien chargé de la libération de Guilad Shalit par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Cet ancien chef du Mossad succède ainsi à Ofer Dekel, qui avait démissionné le 21 avril dernier.

Benyamin Netanyahou a juré le même jour qu’il n’y aurait pas de levée du blocus à Gaza, alertant sur la fragilité du cessez-le-feu avec le Hamas qui contrôle de fait le territoire.

Israël a conditionné tout éventuel échange de prisonniers palestiniens avec Guilad Shalit à l’instauration d’un cessez-le-feu durable et à la levée préalable du blocus.

Plusieurs ministres de droite du gouvernement israélien s’opposent à l’échange de prisonniers proposé par le Hamas, la liste de prisonniers palestiniens fournie par le Hamas comportant plusieurs auteurs d’attentats terroristes.

Antony Drugeon, le 1er juin 2009

Guilad Shalit :

Nomination d’un nouveau négociateur israélien

Hagai Hadas a été nommé dimanche 31 mai au poste de nouveau négociateur israélien chargé de la libération de Guilad Shalit par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Cet ancien chef du Mossad succède ainsi à Ofer Dekel, qui avait démissionné le 21 avril dernier.

Benyamin Netanyahou a juré le même jour qu’il n’y aurait pas de levée du blocus à Gaza, alertant sur la fragilité du cessez-le-feu avec le Hamas qui contrôle de fait le territoire.

Israël a conditionné tout éventuel échange de prisonniers palestiniens avec Guilad Shalit à l’instauration d’un cessez-le-feu durable et à la levée préalable du blocus.

Plusieurs ministres de droite du gouvernement israélien s’opposent à l’échange de prisonniers proposé par le Hamas, la liste de prisonniers palestiniens fournie par le Hamas comportant plusieurs auteurs d’attentats terroristes.

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Mai 31, 2009
Un tué et cinq blessés dans une manifestation sécessionniste au Yémen

Un manifestant a trouvé la mort dimanche 31 mai à Daleh (sud du Yémen) dans un défilé hostile au gouvernement marqué par une fusillade entre manifestants et policiers.

Cinq autres manifestants ont été blessés par balle dans le défilé dont les slogans évoquent une résurgence du sécessionnisme sud-yéménite.

Le manifestant tué dimanche à Daleh porte à treize le nombre de tués dans ces violences depuis la fin avril.

En avril dernier, le président yéménite Ali Abdallah Saleh avait mis en garde le pays contre le « risque d’éclatement du pays en entités multiples ».

Le 21 mai dernier, lors de la célébration de l’unification des deux Yémen, trois personnes avaient été tuées par les coups de feu de la police qui tentait d’empêcher une manifestation dans la ville d’Aden (sud).

Le « Mouvement sudiste », coalition d’opposants socialistes au pouvoir à Aden avant 1990 et d’islamistes « afghans » (qui avaient combattu les troupes soviétiques en Afghanistan durant les années 80), condamne la colonisation dont serait victime l’ex-Sud Yémen depuis l’unification du pays en 1990.

Antony Drugeon, le 31 mai 2009

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Mai 31, 2009
La Corée du Nord au bord du conflit

La Corée du Nord semble se préparer au lancement d’un missile à longue portée, selon des images de satellites espions américains, a déclaré une source au ministère de la Défense sud-coréen.

Selon ces images, les préparatifs seraient terminés d’ici deux semaines, et permettrait l’envoi d’un missile à 6.700 kilomètres, menaçant ainsi l’Etat américain de l’Alaska.

La Corée du Nord a par ailleurs procédé vendredi à un nouveau tir de missile à courte portée, avertissant qu’elle prendrait des « mesures de légitime défense » en cas de sanctions du Conseil de Sécurité de l’Onu après son essai nucléaire du lundi 25 mai.

Un projet de résolution du Conseil de Sécurité est actuellement en discussion, les partenaires habituels de la Corée du Nord comme la Chine et la Russie semblant cette fois favorables à des sanctions.

Le Japon a d’ores et déjà accueilli un escadron de douze chasseurs américains F-22 à Okinawa.

« Nous ne resterons pas sans réaction tandis que la Corée du Nord se dote des capacités nécessaires pour provoquer des destructions sur n’importe quelle cible de la région ou sur nous-mêmes. Nous n’accepterons pas que la Corée du Nord soit un Etat nucléaire », a prévenu Robert Gates, secrétaire américain à la Défense.

Antony Drugeon, le 31 mai 2009

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Mai 31, 2009
Youssouf Fofana avoue le meurtre d’Ilan Halimi

Youssouf Fofana a reconnu jeudi 28 mai sa culpabilité dans le meurtre aggravé d’Ilan Halimi, enlevé, séquestré puis torturé pendant trois semaines avant de mourir des suites de ses blessures au début 2006.

A la surprise générale de la cour, Youssouf Fofana a déclaré : « vous savez bien que je l’ai fait et vous savez que j’ai agi seul ».

Youssouf Fofana comparaît depuis le 29 avril avec 26 coaccusés, dont l’implication n’avait pas été minorée jusque-là.

Par ailleurs, les services secrets français auraient contribué à l’enquête, selon le journal en ligne Rue 89. S’appuyant sur des indiscrétions d’un policier s’exprimant le 11 mai dernier à la télévision française, Rue 89 révèle que la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) aurait intercepté des courriers électroniques envoyés entre les membres du « gang des barbares » de Youssouf Fofana.

Ces méthodes n’avaient cependant pas empêché Youssouf Fofana de fuir la police française pour la Côte d’Ivoire, où il avait ensuite été arrêté.

Antony Drugeon, le 31 mai 2009

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Mai 28, 2009
H. Clinton ferme sur la colonisation

Le secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton a réitéré mercredi avec une fermeté inédite l’appel américain à cesser la construction de colonies en Cisjordanie.

Le président américain Barack Obama « a été très clair » lors de la visite du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a rappelé Hillary Clinton, ajoutant « [Barack Obama] veut voir un arrêt des colonies. Pas d’exceptions pour quelques colonies, pour des avant-postes, pour la croissance naturelle des colonies».

La chef de la diplomatie américaine a insisté sur la détermination de Washington sur ce point. « Telle est notre position, c’est ce que nous avons exprimé très clairement non seulement aux Israéliens mais aussi aux Palestiniens et aux autres acteurs. Et nous avons l’intention d’insister », a-t-elle déclaré.

Ces propos sont intervenus la veille de la rencontre à Washington entre Barack Obama et le président palestinien Mahmoud Abbas. Le président palestinien a posé la « fin de toute activité de colonisation » comme préalable à la reprise de négociations de paix.

Les propos de Hillary Clinton réagissent aux déclarations de Benyamin Netanyahou dimanche dernier. Le chef du gouvernement israélien a en effet affirmé « Je n’ai aucune intention de construire de nouvelles implantations, mais il est absurde de nous demander de ne pas répondre aux besoins de croissance naturelle [des colonies] et de cesser toute construction ».

Antony Drugeon, le 28 mai 2009

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Mai 27, 2009
Liban, Iran : tournant électoral en juin ?

En l’espace d’une semaine, le mois de juin va voir deux élections cruciales se tenir au Moyen-Orient. Le Liban le 7 juin, puis l’Iran le 12, pourraient bien donner le ton de ce qui attend la région pour les années à venir. Les liens entre le Hezbollah libanais et la République islamique d’Iran pimentent d’autant plus ces scrutins, que les Etats-Unis et Israël ne manquent pas d’observer de près.

Au Liban, où le Hezbollah pourrait renforcer son assise parlementaire, et en Iran, où la réélection du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad est hautement probable, l’axe anti-israélien pourrait se renforcer dans la région.

Au Liban, les sondages donnent une légère avance à l’alliance du Hezbollah chiite et du Courant Patriotique Libre à l’électorat chrétien pour le scrutin législatif du 7 juin.

Le Liban sort d’une affaire d’Etat majeure avec l’arrestation de plusieurs espions d’Israël visant le Hezbollah. Une affaire qui a d’autant plus rappelé aux Libanais la posture anti-israélienne du Hezbollah que celui-ci a marqué des points politiquement en indemnisant les victimes des bombardements israéliens lors de la seconde guerre israélienne au Liban, en 2006.

La révélation du journal allemand « Der Spiegel » samedi dernier selon laquelle l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri s’orienterait vers une responsabilité du Hezbollah a encore contribué à « victimiser » le « parti de Dieu ».

En cas de victoire de l’opposition dominée par le Hezbollah, le chef de file de la majorité actuelle, Saad Hariri, a averti qu’en cas de défaite, il ne se joindrait pas à un gouvernement d’union nationale, préférant siéger dans l’opposition.

Dès lors, les chances de voir le gouvernement tout entier être dominé par le Hezbollah suscitent l’inquiétude de Washington, qui classe le mouvement chiite parmi la liste des organisations terroristes.

Le vice-président américain Joe Biden a averti vendredi dernier que les Etats-Unis « [évalueront] la teneur de [leur] programme d’assistance sur la composition du nouveau gouvernement [libanais] et sur les politiques qu’il mène », en un geste de défiance à peine voilé vis-à-vis du Hezbollah.

D’ores et déjà, « même sans occuper les postes les plus visibles, le Hezbollah dirige progressivement le Liban, en détenant des prérogatives de souveraineté au détriment de l’État. Son armement et son influence politique, qu’il a renforcé depuis son coup de force du ‘7 mai’, lui ont permis de devenir le premier acteur militaire, politique et social du Liban », selon le politologue Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes.

La consécration électorale que le Hezbollah escompte dimanche 7 juin remettra-t-elle en cause le boycott des Américains et des Européens à l’égard du Hezbollah ?

Le Royaume-Uni a indiqué le mois dernier avoir tissé des contacts « à niveau subalterne » avec le Hezbollah, qui espère bien étendre ce genre d’initiatives aux Etats-Unis à l’occasion de ces élections.

« Les pays occidentaux se bousculent pour nous parler et le feront davantage dans l’avenir. L’un des ambassadeurs européens nous a informés que les Américains traiteraient avec n’importe quel gouvernement, même s’ils souhaitent la victoire » de la majorité anti syrienne, s’était ainsi réjoui à la mi-avril le cheikh Naïm Kassem, bras droit de Hassan Nasrallah.

L’ascendant que s’apprête à prendre le Hezbollah, soutenu ouvertement par Téhéran, ne manquera pas d’être interprété comme une extension de l’influence iranienne, alors que la République Islamique d’Iran s’apprête à tenir des élections présidentielles cinq jours seulement après le scrutin libanais.

Le président ultra conservateur Mahmoud Ahmadinejad fait figure de favori. Non seulement parce que de par le passé tout président en poste a été réélu, mais aussi parce que le camp présenté comme réformiste aborde ces élections dans la confusion.

L’ancien président réformateur Mohamed Khatami a du renoncer brusquement à sa candidature, pour se ranger derrière l’ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, présenté comme un conservateur pragmatique, qui promet de protéger la liberté de la presse et d’améliorer les relations avec l’Occident, tout en étant attaché aux « principes de la révolution de 1979 », dont il a été l’un des artisans. Il s’agit du principal concurrent du président Ahmadinejad.

Mais le camp réformateur est également représenté par un candidat plus atypique, en la personne de Mehdi Karoubi. Ce religieux populiste et franc-tireur avait dénoncé des fraudes lors des dernières élections, et a signé une pétition conjointement avec le prix Nobel Chirin Ebadi, afin de demander la fin des exécutions des délinquants mineurs au moment des faits. Un autre candidat conservateur, Mohsen Rezaie, parle également de « détente » avec l’Occident.

Point commun aux différents concurrents d’Ahmadinejad : tous lui reprochent d’avoir isolé le pays sur la scène internationale, d’avoir dilapidé les recettes du pétrole dans le programme nucléaire et d’être responsable des sanctions du conseil de sécurité de l’ONU qui entravent l’activité économique iranienne.

Le ralentissement de la croissance est le principal handicap du président Ahmadinejad, en particulier dans les villes. Les campagnes sont en revanche un vivier électoral puissant pour le président sortant.

Mais si des candidats « d’opposition » parviennent à ravir la présidence à Mahmoud Ahmadinejad, l’ampleur de cette détente attendue avec l’Occident reste incertaine.

Les urnes libanaises donneront les premières le ton, que les électeurs iraniens confirmeront, ou pas, cinq jours plus tard. Avec les chancelleries du monde comme premiers scrutateurs.

Antony Drugeon, le 27 mai 2009

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Mai 27, 2009
Au Maroc, 11 morts dans un concert « trop » populaire

11 personnes ont trouvé dimanche la mort dans une bousculade lors d’un concert à Rabat (Maroc). Le festival Mawazine, vitrine de la vie culturelle marocaine, soutenu à bouts de bras par le Palais royal, se retrouve embarrassé. Un début de polémique rappelle le grand écart entre les concerts réservés au « Maroc d’en haut » et ceux des milieux modestes. Ces derniers, victimes de la bousculade dans un stade bondé, paient le prix d’une insuffisante éducation aux spectacles. Une donnée que les autorités avaient oublié, derrière le prestige d’une programmation culturelle particulièrement ambitieuse.

Le concert avait déjà été déplacé, vers un stade aux plus grandes capacités d’accueil. Cela n’a pas empêché la foule, à l’issue du concert, de se ruer dans des passages trop étroits pour le flot humain. Cinq hommes, quatre femmes et deux mineurs sont morts piétinés contre des grilles. Le bilan, de 11 morts et 40 blessés, n’endeuille pas seulement la capitale marocaine.

C’est désormais la politique culturelle du royaume chérifien qui est interpellée, notamment parmi la presse indépendante. « Ce problème va au-delà de la question de l’organisation », soutient une source journalistique marocaine, contactée par Guysen.

Le stade abritait un concert de Abdelaziz Stati, un chanteur apprécié parmi les milieux populaires. « Ces gens ne voient jamais de spectacles de l’année, alors ils se ruent sur tout ce qui se présente, puis partent brusquement lorsque c’est terminé », explique cette source, qui déplore l’écart entre les « bourgeois » et le peuple, qui n’a « pas été éduqué à voir des spectacles ».

La consommation de drogues est par ailleurs largement répandue parmi ce genre de publics. « Une bonne partie du public est droguée aux ‘qarqoubi’ (psychotrope très répandu dans les quartiers populaires au Maroc, ndlr) ou à la colle », ajoute cette même source.

Le désastre de ce festival contraste en revanche avec son ambitieuse dimension politique. Vaste machine au service de son directeur, Mounir El Majidi, proche conseiller du roi Mohamed VI, depuis maintenant huit ans, le festival Mawazine ne fait pas dans la demi-mesure. Une pléthore de stars sont invitées chaque année, l’édition 2009 ayant entre autres reçu Alicia Keys, Ennio Morricone, Kylie Minogue, et Stevie Wonder.

Une relative concurrence existe au Maroc entre les festivals officiels, promus par les autorités, et d’autres plus indépendants, à la programmation parfois moins politiquement correcte. La politisation de ce drame, survenu dans le très officiel festival Mawazine, était dès lors inévitable.

« Il s’agit d’un festival très particulier, voulu par le roi ; de fait les autorités sont impliquées », confirme Aïda Semlali, journaliste dans le magazine d’information indépendant Le Journal Hebdomadaire, contactée par Guysen.

Une conférence de presse sur l’accident forte de nombreux officiels a été l’occasion pour les autorités de prévenir les critiques, en rejetant la faute au public lui-même.

La portée politique de l’accident est ainsi minimisée par la presse officielle, notamment par Le Matin, journal du Palais royal. « Le problème n’avait aucun lien ni avec l’organisation, ni ne relevait du dispositif de sécurité mis en place à l’occasion. En fait, il s’agit, estime-t-on, du comportement d’une partie du public qui a emprunté un passage interdit », a ainsi écrit le quotidien.

L’argumentation officielle, en anticipant toute critique, les a peut-être motivés. « Tout le monde a été choqué de voir les autorités ne reconnaître pas la moindre responsabilité dans ce qui s’est passé », déclare Aïda Semlali, ajoutant « pour eux ce n’est que la faute du public ».

Au-delà du fait divers, l’accident de Rabat dresse un portrait sombre du Maroc. Un portrait dominé par le poids des inégalités sociales et l’omniprésence de la monarchie.

Antony Drugeon, le 26 mai 2009

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Mai 25, 2009
L’ultime offensive pakistanaise contre les talibans

L’offensive menée par le Pakistan contre les talibans a des airs de baroud d’honneur, à l’issue de plusieurs années de lutte parfois tendue. L’échec de l’accord entre les étudiants en religion et le gouvernement d’Islamabad de février dernier met le Pakistan devant l’obligation d’éliminer les talibans, mais la population affiche ouvertement son hostilité à voir le Pakistan faire la « guerre contre le terrorisme » si chère aux Etats-Unis.

Alors que les combats font rage au Pakistan entre les talibans et les forces gouvernementales dans la vallée du Swat (nord-ouest du pays, frontalière de l’Afghanistan), une manifestation a agité dimanche la capitale Islamabad, afin de dénoncer ces opérations militaires.

Plusieurs centaines de partisans du Jamât-e-Islami, parti islamiste d’opposition ont ainsi défilé alors qu’au même moment des combats de rue pour la maîtrise de la ville de Mingora, principale ville de la vallée du Swat, opposaient l’armée pakistanaise aux talibans.

Les banderoles des manifestants dénonçaient le rôle de main armée des Etats-Unis joué par le Pakistan dans la « guerre contre le terrorisme ». Le Pakistan est particulièrement actif dans la traque des talibans depuis le 11 septembre 2001 et le renforcement des pressions américaines sur le régime en ce sens.

La lassitude de la population, voire sa sympathie pour les islamistes talibans, est une donnée avec laquelle le gouvernement doit composer. En février dernier, le Pakistan avait noué un accord de paix avec les talibans, maîtres de fait du Swat depuis déjà deux ans, s’attirant les critiques fermes de Washington.

L’accord, qui accordait aux talibans une forte autonomie dans le Swat, leur permettant d’y appliquer la charî’a (loi islamique), est rapidement tombé en désuétude. Les talibans ont étendu leur influence aux régions voisines, interprétant le texte comme n’étant pas seulement restreint au Swat. A la mi-avril, ils ont conquis le district de Buner, au sud du Swat, puis les régions proches de Lower Dir et de Shangla.

Le gouvernement pakistanais a donc lancé son offensive le 26 avril. « Le gouvernement était obligé de réagir », estime Talat Masoud, général pakistanais à la retraite, ajoutant « les autorités donnaient l’impression d’être dépassées […]. Les Américains ont commencé à exprimer leur crainte de voir la bombe atomique pakistanaise tomber entre les mains des extrémistes ».

L’offensive est volontiers présentée comme décisive par les autorités elles-mêmes. Jeudi dernier, le Premier ministre pakistanais Youssouf Raza Gilani s’est adressé aux Pakistanais en direct sur les chaînes nationales de télévision. Le ton grave, le visage fermé, il a accusé les talibans de vouloir « soumettre le Pakistan » et d’avoir enfreint l’accord de paix en ayant « poursuivi la lutte armée ».

Les 15.000 hommes de l’armée s’est donné lundi 25 mai « de sept à dix jours » pour reprendre l’intégralité de la ville de Mingora, dans laquelle elle est entrée samedi. D’ores et déjà, la ville est presque désertée de ces 300.000 habitants, après plusieurs semaines de présence talibane. Les bombardements pakistanais sont présentés par l’état-major comme ciblant les talibans, mais les témoignages de rescapés font état de civils tués, certains d’entre eux étant utilisés comme boucliers humains par les talibans.

Les témoignages qui filtrent des zones de combats sont exploités par l’opposition islamiste. Qazi Hussein Ahmed, le dirigeant de Jamât-e-Islami, dénonce une offensive pakistanaise dirigée contre « le peuple innocent de Malakand (partie du Swat) » : « Ils ont ciblé la population en bombardant depuis les airs et utilisent l’artillerie », a-t-il ainsi déclaré.

L’armée annonce avoir tué 1.100 talibans, tandis que les insurgés sont estimés à environ 5.000 combattants. L’ONU déplore de son côté 2,4 millions de réfugiés, soit 700.000 de plus en l’espace de trois jours. La crise humanitaire qui accompagne le conflit complexifie encore la donne pour les autorités pakistanaises, déjà aux prises avec le terrorisme des islamistes dans le reste du territoire.

Ce dimanche, un attentat suicide à la voiture piégée visant un barrage des forces de sécurité a tué dix personnes, dans la région de Peshawar, à 150 km d’Islamabad.

Antony Drugeon, le 25 mai 2009

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Mai 25, 2009
La police détruit l’avant-poste illégal de Maoz Esther

L’avant-poste de Maoz Esther (colonie sauvage proche de Ramallah) a été démantelé jeudi matin par les forces de police, trois jours après que le président américain Barack Obama ait demandé au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de geler la colonisation.

Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police, a assuré que la police avait évacué les habitants sans rencontrer de résistance violente, et qu’aucune arrestation n’a été faite.

L’avant-poste de Maoz Esther était composé de sept cabanes en métal, a-t-il précisé.

Abraham Sandak, l’un des habitants de l’avant-poste détruit, déclarait que les 40 personnes y ayant résidé allaient reconstruire immédiatement les logements.

« Nous espérons dormir ici ce soir et nous espérons avec l’aide de Dieu reconstruire cet endroit, mais en plus consistant cette fois », a-t-il expliqué.

Selon des groupes pacifistes israéliens, il existe au minimum une centaine d’avant-postes sauvages comme celui-ci en Cisjordanie, contre 121 colonies autorisées par le gouvernement israélien.

Yariv Oppenheimer, secrétaire général de « La paix maintenant », a minimisé l’importance de cette évacuation, la décrivant comme « un exercice de relations publiques », Maoz Esther étant selon lui « un avant-poste fantoche… pas réel, car abandonné ».

Mercredi, des représentants des habitants de l’avant-poste ont tenté de convaincre le ministre de la Défense Ehoud Barak de résister à la pression américaine de cesser la construction de nouveaux domiciles dans les colonies, et de dégeler la délivrance de permis de construire en Cisjordanie.

Ehoud Barak a réaffirmé sa volonté de démanteler les avant-postes, privilégiant « le dialogue » mais n’excluant pas d’ « agir rapidement et de façon agressive pour appliquer la loi », a-t-il déclaré.

Par Antony Drugeon le 21 mai 2009

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